Congrès de l’EFORT 2011, 1-4 Juin 2011, Copenhague
Hoffmeyer : « nous avons besoin d’un changement de mentalité avec la prise en compte des preuves scientifiques»
Marquant le 20e anniversaire de l’organisation, le prochain congrès annuel de l’EFORT (1-4 juin à Copenhague), le plus important événement scientifique pour les orthopédistes et les traumatologues européens, posera un jalon important dans la démarche de ces professionnels de santé. Il va initier un changement de paradigme pour la pratique clinique, estime Pierre Hoffmeyer, vice-président de la fondation EFORT, président de son comité scientifique et président de la société suisse d’orthopédie et de traumatologie.
Professeur Hoffmeyer, le 12e congrès de l’EFORT, la Fédération européenne des sociétés nationales d’orthopédie et de traumatologie, marque le 20e anniversaire de sa fondation. À quoi doivent s’attendre les participants ?
Prof. Hoffmeyer : Pour commencer, je dirais que Copenhague est une ville magnifique et incroyablement intéressante. C’est un cadre plus que digne pour fêter un tel anniversaire. Le programme démontre par sa diversité et son exhaustivité les efforts accomplis par l’EFORT pendant les deux dernières décennies. Elle a créé une plateforme commune pour le savoir orthopédique et traumatologique de plus de trente nations européennes. Pour les participants, c’est une occasion unique de rencontrer en personne les experts dont ils ont lu les travaux et de leur poser des questions. Ainsi, ils pourront se mettre à niveau de l’état actuel de la recherche dans leur domaine de spécialité respectif, dans un cadre structuré et éducatif.
Quels types de manifestations figurent au programme ?
Notre offre est très variée. Elle comprend par exemple pour la troisième fois une revue complète des connaissances (CRC), qui permet de s’imprégner du programme complet des examens de spécialisation européens et nationaux en une journée. Nous proposons aussi de nombreux travaux dirigés (IC), pendant lesquels des généralistes peuvent apprendre avec des spécialistes, des tables rondes d’experts (ExMEx), pendant lesquelles des spécialistes prendront connaissances des derniers résultats de la recherche, ou encore des conférences interactives sur des cas complexes, au cours desquelles les participants pourront évoquer leurs propres cas.
La nouveauté de l’année concerne les posters, qui seront projetés sur écran. On pourra prendre confortablement place dans un fauteuil pour les consulter.
En plus de la supervision de mon domaine de spécialité, la chirurgie de l’épaule et la traumatologie, je participerai à un cours spécialisé sur la rédaction des études scientifiques en coopération avec les éditeurs de la revue British Journal of Bone and Joint Surgery. Il s’agira de dispenser une méthodologie afin d’améliorer les chances d’être publié. Chaque scientifique devrait maîtriser ce savoir-faire de nos jours.
Avec cet important programme, le congrès reste-t-il accessible financièrement ?
Le congrès de l’EFORT est bon marché, si on compare avec d’autres manifestations internationales. De plus, la grande majorité des sessions sont comprises dans les frais d’inscription. Un supplément n’est exigé que pour quelques séances spéciales. Ceux qui s’intéressent à la revue complète des connaissances (CRC), qui sont le plus souvent encore en formation et ne disposent pas d’importants moyens financiers, peuvent s’inscrire à part pour cette journée, sans payer pour tout le congrès.
Quels seront les points forts du congrès au niveau scientifique ?
Nous couvrons l’ensemble de la discipline avec ses sous-spécialités. Une session plénière est consacrée à la thérapie PRP (plasma riche en plaquettes) dans le traitement de reconstruction tendineuse. Parmi les autres thèmes passionnants abordés figurent les énormes progrès dans le domaine de l’imagerie, qui soutiennent le développement de la chirurgie mini-invasive, ou les nouvelles technologies pour les thérapies chirurgicales de la colonne vertébrale. Sans oublier les défis posés par une société vieillissante en ce qui concerne l’ostéoporose. Sur ce sujet, les orthopédistes et les traumatologues sont appelés, non seulement à guérir, mais aussi à faire de la prévention. Je suis persuadé que le vrai challenge pour l’orthopédie consiste moins à développer ses structures qu’à opérer un profond changement de mentalité.
Pouvez-vous préciser votre pensée?
Jusqu’à présent on se satisfaisait de succès immédiats, par exemple une opération réussie. Les preuves scientifiques de l’efficacité des techniques utilisées n’étaient que peu en considération dans le débat. L’expérience personnelle suffisait. De même, la durabilité de ces succès n’était pas remise en question. La sphère politique comme les assureurs posent cependant ces questions de manière de plus en plus insistante, en particulier aux orthopédistes et traumatologues, car leurs traitements sont toujours plus coûteux, en raison des progrès de la médecine et de la technologie. De surcroit, l’augmentation des activités de loisirs et le vieillissement d’une population restant active entraine de plus en plus de consultations. Combien de temps doit durer une hospitalisation ? Que coûtent les implants ?, Quelle dose de médicament est nécessaire après une opération ? Combien de temps va durer la convalescence d’un salarié avant qu’il ne reprenne son travail ? Toutes ces questions se posent de manière plus pressante que jadis. Notre discipline a besoin de se réorienter. Elle doit baser ses procédures sur des preuves scientifiques et viser la durabilité. C’est pourquoi une séance plénière sera consacrée à l’élaboration des registres d’implants et d’intervention, par exemple en traumatologie.
